De la légitimité

Modifié par P_mat

En matière politique et sociale, la notion de « légitimité » se révèle hautement problématique. Référant toujours à des « valeurs », elle marque un éloignement plus ou moins marqué des procédures réglementaires applicables au jeu politique : éligibilité, conformité d'une campagne aux conditions techniques et administratives imposées par la loi, licéité des actes politiques engagés (tractage, meetings, manifestations, etc.).

Or il est tentant, en politique, de se réclamer d'une « légitimité » qui transcende l'ordre normatif en usage. On peut par exemple avoir pour soi le nombre du peuple, c'est-à-dire des partisans en masse qui se reconnaissent dans le discours qu'on leur tient et qui peut se situer aux limites de la légalité démocratique ; on peut aussi avoir pour soi une stature historique, comme d'avoir été maréchal de France, à l'instar de Philippe Pétain (1856-1951), et prétendre faire ainsi don de soi à la nation ; ou avoir à ses côtés la puissance militaire, ou l'organisation et le maillage territorial serré d'un parti unique, etc.

Si la notion de « légitimité » est donc politiquement problématique, c'est parce qu'elle rapporte le civil au moral, le fonctionnel au charismatique et la transparence de la loi à la confusion et à l'obscurité de valeurs, celles-ci pouvant représenter autant de partis-pris idéologiques qu'elles diffèrent les unes par rapport aux autres, quand sous des vocables identiques ne se cachent pas des positions politiques diamétralement opposées.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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